Il y a peu j’ai commencé à vouloir éditer les partitions de Final Fantasy VII puisque je me suis rendu compte que les réductions pour piano éditées par DOREMI étaient creuses (il manque quelques notes alors que cela n’entrave pas la jouabilité du morceau) et comportaient quelques erreurs. Aujourd’hui c’est chose faite, pour ainsi dire, puisque j’ai terminé les partitions du premier disque de l’OST seulement. Cela représente tout de même un sacré paquet de partitions et je ne compte même plus les heures passées dessus. Je vais détailler ici le mode opératoire qui m’a permit d’en arriver là, ainsi que présenter les difficultés rencontrées et quelques anecdotes intéressantes, si il y en a…

Concernant le mode opératoire, je n’ai absolument pas tout fait à l’oreille. Déjà, je ne suis pas fou, et de toute manière je n’en suis pas capable. J’ai utilisé le logiciel de gravure de partition MuseScore (MS) dans lequel j’ai injecté des fichiers MIDI extraits des fichiers du jeu. Voilà à quoi cela peut ressembler lorsque l’on injecte un tel fichier dans le logiciel :

On observe que le delay de la harpe est étalé sur 3 portées, comme c’est le cas dans le jeu : pour créer un tel délai, l’arpège a été programmé sur 3 canaux avec un décalage temporel et en volume pour imiter l’effet d’un écho. De plus, on remarque que les arpèges n’étant écrit que sur une seule portée, le logiciel change de clé régulièrement (bien qu’il oublie visiblement la sol octava) ce qui rend le tout peu pratique à lire. Mon travail dans ce projet a été de nettoyer les partitions créées automatiquement par l’import d’un fichier MIDI afin de le rendre lisible et exploitable. Voici par exemple à quoi ressemblent ces mêmes deux premières mesures une fois le ménage fait : les différentes voies ayant été renommées, mises dans l’ordre, et la harpe rendue plus claire à la lecture.

Le travail ici est alors purement une tâche de mise en forme. Dans l’import des fichiers MIDI il y a eu très peu de pertes ou d’erreurs. Ce qui m’a posé le plus de difficultés en revanche, c’est la façon dont certains morceaux ont été programmés, ou alors certaines astuces de composition de Nobuo Uematsu. J’ai par exemple trouvé, sur l’Opening – Bombing Mission, une voie notée « Violoncelle » qui jouait un contre-sol octavié au supérieur. Note, bien entendue impossible à atteindre pour un violoncelle. A noter qu’ici, le but n’est pas de retranscrire à l’exactitude et de rendre compte de la façon dont la musique est programmée, mais bien de trouver un juste milieu entre ce qu’il a été fait, et les « codes » de gravure musicale. Il est inconcevable de donner à un musicien une partition, même nettoyée, d’un arpège à la harpe sur 3 portées pour simuler un écho. J’ai donc étudié l’orchestration pour connaître les codes de la gravure musicale, comme l’ordre des pupitres dans une partition d’orchestre, ou encore la façon d’écrire certains rythmes.

Le code utilisé ici et qu’il est possible de voir dans le coin supérieur gauche de la page de garde des partitions fonctionne ainsi : en chiffre romains, le numéro de disque (ici on ne parlera que du premier quoi qu’il arrive) et en chiffres arabes, le numéro de la piste.

I – 01 Prélude : lien vidéo

Concernant ce morceau, aucune grosse difficulté n’a été rencontrée, à part celle de réunir l’arpège sur une double portée clé de fa clé de sol conventionnelle d’une harpe, il m’a fallut apprendre la manipulation nécessaire pour obtenir un tel résultat (sélectionner les notes que l’on veut placer sur la portée supérieur ou inférieure puis Ctrl+Shift+Up ou Down selon le cas). L’arpège a été partagé sur les deux portées pour éviter la superposition inutile de notes et de silences. Pour rendre évident le saut d’octave et ne pas surcharger la partition en interlignes supplémentaires inutiles, un octava a été placé entre deux mesures. Cet octava à cheval a été un problème puisqu’il s’avère que MS gère de façon assez maladroite la répartition des notes dans un octava lorsqu’il s’agit de changer de mesure. Le morceau est de plus inutilement long (19 pages, tout de même) puisque l’arpège incessant en doubles croches prend énormément de place. Si la grille harmonique est de taille relativement correcte (||: Do9, La9, Do9, La9, Fa9, Sol9, Lab7, Sibmaj7 :||), le rythme harmonique, lui, est en revanche bien moins généreux puisqu’il faut 2 mesures donc 32 croches pour arpéger un seul de ces accords. La « boucle » fait donc 16 mesures de 16 croches chacune.

I – 02 Opening – Bombing Mission : lien vidéo

Voici l’un des morceaux qui m’a causé le plus de soucis. La principale difficulté a été la micro-édition de la partition, avec pour cause principale, ses ostinati. De premier abord, le morceau a été composé pour être joué par un petit orchestre (Flûte piccolo et Flûte, Hautbois, Cors, Trompettes, Trombone Basse et Trombone, Tuba, Percussions (Timbales, Taiko, Cabasa ou Maracas, Batterie de Rock), Célesta, Piano, 2 Synthétiseurs (dent de scie et basses) et un orchestre à corde complet (Violons 1&2, Altos, Violoncelles et Contrebasses)). Pour une feuille de taille A4, c’est le début de la crise du logement comme j’aime à l’appeler, en témoigne la capture suivante.

On peut noter ici une astuce que j’ai beaucoup utilisée pour réduire la place prise par les notes. Il faut regarder la cabasa sur les deux dernières mesures de la capture. Pour ne pas surcharger la partition de doubles croches inutiles (il n’est pas question ici de notes mais de rythme sur une seule ligne), j’ai choisi de mettre un trémolo de doubles-croches sur la durée d’une ronde. J’ai notamment utilisé, de manière encore plus astucieuse, cette notation dans le prochain morceau.
La partie Bombing Mission de cette musique (il s’agit bien ici en réalité d’un diptyque) possède sur toute sa durée un ostinato en triolet de croches. Afin de ne pas, une fois de plus, surcharger la partition j’ai choisi de cacher la notation en triolet uniquement si celle-ci est induite précédemment. Pour cela, j’ai laissé la notation |- 3 -| (admirez par ailleurs mes talents) sur les deux premières mesures dès que l’ostinato se met en place sur un instrument, puis je l’ai supprimée sur les mesures suivantes, jusqu’au prochain changement d’ostinato ou lorsque le besoin de préciser que l’on joue autre chose que précédemment, mais toujours en triolet, se fait sentir.

Une autre difficulté a été de retranscrire l’Orchestra Hit qui apparait mesure 41 (lorsque Barret lève le bras pour faire signe à Cloud dans cette vidéo). Je n’avais pas envie de créer une voie « Orchestra Hit » qui ne servira qu’à cela sur toute la durée du morceau (comme je l’ai dis au début, c’est la crise du logement). J’ai donc choisi de « recréer » à l’oreille l’Orchestra Hit avec les instruments à ma disposition. Je ne suis pas certain que la répartition des notes soit la bonne, mais l’effet reste néanmoins convaincant et suffisant. Aucune autre difficulté n’a été rencontrée pour ce morceau, le plus long ayant été d’éditer tous les triolets un à un, placer les legato (visibles aux flutes et hautboits sur la capture suivante) là où cela est nécessaire et de compléter les voies de cors qu’il manquait dans l’importation du MIDI. Je me suis aidé pour cela, des réductions pour piano qui (fort heureusement) pour moi, contenait les notes manquantes.

I – 03 Mako Reactor : lien vidéo

Le premier morceau par lequel j’ai commencé, et qui m’a donc donné le plus de fil à retordre car je ne maîtrisais pas le logiciel comme actuellement, et il est assez compliqué à écrire. Je parlais plus haut de l’astuce du trémolo sur une ronde pour éviter d’écrire les 16 croches. Cette astuce a été appliquée ici, mais il m’a fallut trouver comment faire comprendre au logiciel que je ne voulais pas un trémolo de double-croches, mais de sextolets… Et là j’ai appris plein de choses sur le fonctionnement du logiciel. Il n’existe pas d’outil pour les trémolo de n-olet dans MS, il faut donc passer par un chemin de traverse afin de faire comprendre au logiciel que l’on veut un tel trémolo. Voici les étapes à suivre pour obtenir un tel résultat (qui sait, cela peut servir !)
– Dans la mesure, il faut rentrer une ronde sur la note voulue.
– Demander à créer un triolet de blanches (équivalent au temps d’une ronde) en sélectionnant la ronde et en appuyant sur CTRL+3.
– Un triolet de blanche comportant 3 blanches (et donc 6 « temps »), sélectionner la première note du triolet et modifier sa valeur en ronde pointée (équivalent à 6 temps)
– Placer un symbole de trémolo (les deux barres obliques) sur la ronde : le logiciel va alors appliquer un trémolo de doubles-croches, mais sur un rythme ternaire, cela correspond à des sextolets !
– Sélectionner le point de la ronde pointée, et le cacher (F8 et décocher « visible » ou appuyant tout simplement sur V).
– Pour plus de lisibilité, j’ai décidé d’afficher le triolet en « ratio ». Le logiciel va alors afficher combien de temps le triolet possède et combien de temps il dure réellement dans la mesure binaire. Ici, il affichera « 6:4 », cela signifie « 6 doubles-croches », des sextolets, « à la place de 4 ».

Voici le résultat:

Cette notation permet, mine de rien, de réduire par 3 le nombre de pages du morceau (toi aussi, pense à la Planète, surtout dans le morceau sur les Réacteur Mako). Le seul soucis, c’est que MS n’est absolument pas programmé pour se comporter ainsi. En quelque sorte, cette astuce permet de faire croire au logiciel quelque chose, dont il n’est pas programmé pour. Au niveau de l’audio lors de la lecture du morceau, il y a donc un petit saut à la fin de chaque mesure, comme si le logiciel n’arrivait pas à diviser la mesure en 24 parties égales à l’aide de cette notation. Mais le but ici était surtout de veiller à l’aspect graphique des partitions, c’est donc un moindre mal. J’ai également souhaité reproduire le délai au synthétiseur sur la mélodie qui débute mesure 5. Pour cela, j’ai créé des voies parallèles et les ai rendues invisibles : on les entends, mais on ne les voit pas. J’ai abandonné cette notation car cela est très fastidieux à faire : il faut translater toutes les durées originales du temps nécessaire pour effectuer le délai (une croche, une noire…), et lorsqu’il s’agit de chevaucher une mesure, cela devient très compliqué. Mais pour information, voici le résultat obtenu sur MS où l’on voit, en transparence de gris, le délai.

I – 04 Anxious Heart : lien vidéo

Rien à signaler ici, le morceau est extrêmement simple à écrire. Je me suis alors concentré sur le rendu des crescendo et decrescendo aux cordes lors du début du morceau.

I – 05 Tifa’s Theme : lien vidéo

Idem ici, l’arpège au piano a été placé à cheval sur les deux portées afin de clarifier le tout, les autres voies aux violons ou aux bois sont d’une écriture extrêmement simple. Pour un morceau parfaitement secondaire que l’on n’entend qu’une fois dans tous le jeu, puisque rajouté tardivement dans la production du jeu, je n’en attendais pas moins.

I – 06 Barret’s Theme : lien vidéo

Aucune difficulté non plus, le morceau est constitué d’un ostinato aux cuivres et aux cordes, tandis que les violons et les bois s’occupent de la mélodie chacun leur tour. je n’ai pas utilisé de technique particulière pour réduire les trémolo de la caisse claire pour deux raisons : 1) aucun besoin de gagner de place particulière ici, on parle de quelques mesures, 2) le rythme n’étant pas régulier, la réduction aurait, à mon sens, porté plus à confusion qu’autre chose. Il doit certainement exister une autre notation pour ce genre de phrase rythmique, mais n’étant pas percussionniste, je ne la connais pas.

I – 07 Hurry ! : lien vidéo

Morceau intéressant car il m’a fallut contourner les intentions de Nobuo Uematsu. Il a en effet tendance à composer des batteries qui nécessitent plus de membres qu’un unique batteur ne possède. Il faut donc répartir les éléments sur 2 batteries, ce qui donne un jeu de percussion par batteur un peu vide. Mais si l’on souhaite créer des partitions exploitables par un ensemble quelconque, il n’y a guère d’autre choix. Dans ce morceau j’ai décidé de laisser un batteur faire un ensemble Hi-Hat, grosse caisse, caisse claire et un second qui ne s’occupe uniquement que des toms.
Une autre difficulté de mise en page et de programmation MIDI a été de faire comprendre à l’ordinateur que, dans un divisi de violons, je voulais une voie en pizzicato et une autre à l’archet. Je n’ai pas encore réellement compris comment cela fonctionne (j’ai réussi à obtenir ce que je souhaite de façon complètement empirique et sporadique au fil des essais), mais j’ai réussi à obtenir ce que je veux. Il faut regarder ici, le pupitre des Altos. Le jeu est initialement en pizz (précisé page précédente). J’ai préféré rappeler que la voie du bas suit le même jeu en rajoutant une indication de jeu pizzicato entre parenthèse, pendant que la voie supérieure passe à l’archet.

I – 08 Lurking In the Darkness : lien vidéo
Rien a dire ici, certainement un des morceaux les plus facile à retranscrire.

I – 09 Shinra Company : lien vidéo

Celui-ci est dans la lignée du précédent.

I – 10 Let the Battles Begin ! : lien vidéo

Première musique de combat, je m’attendais à quelque chose de bien compliqué. J’ai été un peu déçu, car en réalité le morceau est basé sur des cellules qui reviennent régulièrement, il y a donc eu beaucoup de copier/coller. En revanche, le roulement à la caisse claire m’a arrêté quelques minutes pour que prenne le temps de réfléchir à comment l’écrire, comme vu précédemment avec l’astuce des trémolo, tout en précisant à quels moments mettre des accents. En effet, si l’on n’affiche qu’une ronde, il n’est pas réellement possible en l’état de signifier qu’à tel temps, le batteur doit marquer un accent. Pour cela, j’ai intégré une seconde voie, inséré la note au bon endroit dans la mesure, et réduit sa taille puis mis entre parenthèse afin de faire comprendre que l’accent est ici. Malheureusement, cela ne rend pas à l’audio, aussi j’espère que cette notation fonctionne si je dois un jour donner cette partition à un musicien. L’effet attendu ici est : un roulement de sextolet sur toute la mesure, avec des accents sur les second et quatrième temps. Voici le résultat.

I – 11 Victory Fanfare : lien vidéo

Rien a signaler, le morceau en deux parties, est aussi basé sur un ostinato.

I – 12 Flower Blooming in the Church : lien vidéo

Lorsque l’on injecte le fichier MIDI de ce morceau, celui-ci rend état de la pédale levée du piano, et superpose donc les notes ce qui rend la lecture absolument illisible (cf première capture d’écran). J’ai donc nettoyé tout cela, et j’en ai profité pour passer le morceau en 6/8 et non en 3/8 comme obtenu à l’aide du fichier MIDI. Le morceau est, selon moi, bien plus logique écrit en 6/8 puisque cela permet d’avoir un accord par mesure. Encore une fois, passer de 3/8 à 6/8 permet également de gagner beaucoup de place au niveau de la mise en page.

Un commentaire sur « Au sujet de l’édition des partitions – Partie 1 »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s